Etude de l’impact de la démarche participative sur la qualité de vie au travail
En oncohématologie
PHRC 2004 : L’étude visant à démontrer une relation entre un management participatif et la (QVT) a été menée auprès des soignants de services d’onco-hématologie du Cancéropôle Grand Ouest (574 IDE et AS). Les résultats montrent une relation entre la QVT, la reconnaissance au travail, la formation, la collaboration au sein de l’équipe et la présence de staffs pluri professionnels. Des corrélations identiques sont retrouvées pour le stress perçu (avec comme facteurs supplémentaires le nombre de lits par service et le nombre de décès par mois) et le soutien social (avec comme facteurs supplémentaires le temps de transmission et la présence de bénévoles d’accompagnement).
PHRC 2009 : les mêmes résultats sont retrouvés auprès d’une population de 323 soignants de même spécialité. Cette deuxième étude s’est attachée à étudier l’impact des composantes du management du cadre de santé. Il apparaît :
- que le leadership transformationnel (management responsabilisant les agents) entraîne une meilleure QVT et un meilleur engagement dans le travail des soignants grâce à un renforcement des sentiments de justice organisationnelle.
- que la justice procédurale (sentiment de justice dans les procédures mises en place) et le soutien à l’autonomie du cadre de santé améliorent la satisfaction des besoins psychologiques (i.e., les salariés se sentent plus autonomes, plus compétents, et entretiennent de meilleures relations interpersonnelles avec leurs collègues) et le soutien organisationnel perçu par les soignants, entraînant ensuite une meilleure satisfaction au travail, un renforcement de l’identification au service et une amélioration de la performance au travail..
En psychiatrie
Les résultats viennent d’être reproduits auprès de 84 infirmiers de psychiatrie : le management participatif et la mémoire transactive (mécanismes expliquant comment un groupe organise et se rappelle les informations nécessaires à la réalisation d’une tâche commune) impactent la QVT des infirmiers et ce malgré un effectif très faible. La relation entre le management participatif et la QVT passe par le support organisationnel et la justice organisationnelle perçue, montrant le rôle essentiel du cadre de santé.
Etude de l’impact du management participatif sur la qualité des soins
L’apport des regards croisés sur la qualité du soin
- Projet personnalisé de soins et regards croisés
Qu’il s’agisse de l’élaboration du projet de soin global pour les patients en situation complexe, la prise en compte des proches ou du projet de vie des patients en phase palliative, seuls les regards croisés pluri professionnels permettent une évaluation et une réponse globale aux besoins et souhaits exprimés validées par un consensus d’équipe.
Il est donc essentiel qu’au cours des staffs cliniques pluri professionnels chaque catégorie socio professionnelle puisse s’exprimer. Il appartient au professionnel animateur de veiller à ce que chacun puisse être écouté et participe à l’élaboration des projets.
- Regards croisés et information personnalisée
L’information aux patients et aux proches d’un diagnostic, d’une rechute ou d’une aggravation est toujours un moment redouté par le médecin, la règle essentielle étant d’adapter le rythme et le contenu aux réactions du patient. Cependant il sera d’autant plus performant qu’il saura l’histoire de vie du patient et du proche, son état d’esprit et ses craintes exprimées. D’où l’importance d’un temps d’échange préalable d’informations entre le médecin et l’équipe.
- Regards croisés et décision éthique
Le quotidien du parcours de soin des patients atteints de maladie chronique est fait de la répétition de questions éthiques tournant toujours autour de la proportionnalité du soin et/ou de la limitation ou de l’arrêt de traitement.,
Qu’il s’agisse de la loi Léonetti dans le contexte de la fin de vie ou des recommandations des sociétés savantes (Société Française d’Hématologie, AFSOS, Société Française de Réanimation de Langue Française) concernant les limitations thérapeutiques et le transfert en réanimation, toutes s’accordent sur la nécessité de la collégialité dans la prise de décision tout en sachant que la prise de décision finale appartient au médecin, charge à lui d’en expliquer les raisons à l’équipe.
Impacts sur la communication soignant/patient et soignant/proches : être mieux pour mieux accompagner et mieux écouter
Une étude française chez les hématologues a montré que les difficultés d’annoncer la maladie grave étaient liées à leur disponibilité et à leur représentation de la maladie grave et de la mort. En agissant sur leur disponibilité par l’amélioration de la qualité de vie au travail, on améliorera la qualité de l’écoute et de l’accompagnement, et donc, là aussi, la qualité de la prise en charge globale : comment en effet être disponible quand on est « épuisé », dans l’évitement, dans la deshumanisation ou dans l’interrogation sur le sens de son métier ?
La capacité de plaisir au travail permet cette disponibilité à l’Autre, cette volonté de bien faire, ce souci de répondre aux besoins, c’est précisément ce que recherche la DP.
Le modèle des « Magnets Hospitals »
Plusieurs publications font référence aux « magnets hospitals » (« hôpitaux aimants »), modèle développé en Belgique aux Etats-Unis, au Canada et dans les pays scandinaves.
Ils basent le management sur une relation collaborative infirmières / médecins, une responsabilisation et une certaine autonomie clinique dans leur domaine de compétence, un soutien organisationnel du cadre, un contrôle de la qualité des soins et la transmission d’une culture de soins centrée sur le patient .
Or il apparaît qu’au sein de ces établissements on constate, outre une amélioration de la satisfaction au travail, une diminution des accidents iatrogènes et une diminution de la mortalité dans les services de chirurgie.
Ces études montrent également un impact économique se traduisant par une diminution du turn-over des personnels, un moindre absentéisme, et une diminution des coûts de fonctionnement.